Au sujet des cartes mentales

Une des choses qui m’a frappé dans la masterclass product management que j’ai réalisé avec Rachel Dubois, c’est mon intérêt pour les cartes mentales.

Dans la période pré-covid, quand le télétravail était encore une anomalie, et que nous utilisions des outils tactiles et physiques comme des post-it, des paperboard, des tableaux blancs, tout se révélait plus efficace quand on n’utilisait pas d’outils numériques…sauf les cartes mentales. Via les outils numériques les cartes mentales restaient efficaces, puissantes. Voire même encore plus, car les outils numériques proposent une inversion immédiate du sens de lecture de la carte si besoin. Et c’était très intéressant pour ceux qui étaient plus touchés par une lecture de droite à gauche plutôt que gauche à droite. De l’exécution au sens ou du sens à l’exécution.

La force des cartes mentales

Les cartes mentales décrivent un raisonnement. Elles nous obligent à ne pas partir de la solution, ou si l’on part de la solution à exprimer ce qui nous à mener à elle. Elles rendent visuel notre raisonnement. Elles expriment ainsi le quoi, le pourquoi et le comment. Elles permettent d’ouvrir la réflexion et de partager le sens.

Quelques points

  • Ne pas chercher à remplir toutes les branches, mais juste les plus importantes (à vous de trouver comment pondérer).
  • Il n’y a pas d’obligation de partir du début (gauche) de la carte mentale.

Une réduction à l’essentiel

Si j’essaye une réduction à l’essentiel, une carte mentale pourrait ressembler à cela :

Avant de se précipiter sur la solution (comment) on passe par la case quoi (ce que l’on veut sans parler de comment) jusqu’à pourquoi on souhaite cela. On ne décline pas toutes les branches, juste celles que l’on estime les plus importantes.

Ensuite tout le jeu ou l’enjeu est de bien nommer les étapes de notre raisonnement.

Agile strategy map

Avec la agile strategy map, de agile42 je crois, il s’agit de se transformer (en tous cas c’est ainsi que je m’en suis servi).

  • Quelle transformation je cherche à atteindre, se transformer pour quoi ?
  • Quels sont les leviers sur lesquels je dois appuyer ma transformation ? (Par exemple: la formation, le renouvellement des parcours RH, l’installation dans un nouveau centre, etc. Pensez peut-être au diagramme d’Ishikawa ?)
  • Qu’est-ce qui me fait dire que le levier a été actionné ? Quel est le signal qui indique que l’activation du levier est un succès ?
  • Comment mettre en œuvre ce succès ?

(j’aime décrire chaque étape de ces cartes mentales au travers de questions).

Impact mapping

Si on se plonge dans les cartes mentales liées au product management, le point de départ de cet article, on observera dans la sémantique de chaque étape l’évolution du milieu. Je pourrais dire que l’arbre d’opportunités de Teresa Torres n’est qu’un plagiat de l’exécution bien pensée de Annina Koskinen (ou l’inverse plutôt), eux-mêmes qu’un plagiat de la carte d’impact de Gojko Adzic, qui lui-même dit plagier une approche militaire. Mais c’est juste que pour toutes il s’agit de cartes mentales, elles possèdent donc la même structure fondamentale, et le même procédé que j’aime tant. C’est dans les étapes et la sémantique que la différence et le bon emploi se révèlent entre ces façons de faire.

Pour l’impact mapping justement, à ce moment de l’histoire, toute la question est de ramener l’utilisateur au cœur des conversations. J’utilise toujours beaucoup celle-ci ! Nous sommes en 2012 : et l’utilisateur et le product management s’emparent du devant de la scène.

  • Quelle est ma cible ?
  • Qui dois-je impacter pour atteindre cette cible ?
  • Quel impact dois-je avoir ? (Et par impact on entend bénéfice ou changement d’usage : je vais plus vite, c’est plus fiable, j’ai plus de, etc.)
  • Comment mettre en œuvre cet impact ?

Gojko Adzic crée les impact mapping en 2012.

Opportunity tree map

En 2016, Teresa Torres propose la carte de l’arbre des opportunités. En 2011 le livre de Eric Ries “Lean startup” est sorti et en 2015 c’est le boom de cette idée. Quelle opportunité puis-je saisir ? Quelle expérimentation (éphémère avant d’itérer ou de pivoter) je peux mener ? Là aussi c’est encore complètement d’actualité !

  • Quelle est ma cible ?
  • Quelle opportunité j’imagine pour l’atteindre ?
  • Quelle solution pour saisir cette opportunité ?
  • (Quel MVP ?) Quelle expérimentation je peux mener pour valider ma solution ?

Throughtful execution framework

Nous sommes en 2020, saisir les opportunités à l’instinct ne suffit plus. Les aventuriers du début du lean startup se sont vu rejoindre par la masse, et une certaine dose de rationalité a été injectée dans le processus. C’est vers 2017/2018 le début du règne de la donnée.

Le framework proposé par Spotify et Anninna Koskinen est une autre carte mentale. Le sous-titre est révélateur : de l’instinct au plan (fini juste l’instinct).

Et puis on a pas mal développé notre vocabulaire : “hypothèse”, “apprentissage”, à la fin de la décennie 2010/2020 l’agilité est vraiment devenue mature (dans les endroits où il y a vraiment de l’agilité).

  • Quelle est ma cible ?
  • Que me disent mes données ?
  • Quel problème et donc opportunité je détecte ?
  • Quelle hypothèse je fais pour trouver une opportunité dans ce problème ?
  • Quelle solution de mise en œuvre à cette hypothèse ?
  • Qu’est-ce que j’apprends (boucle sur les données) de la mise en œuvre de cette solution ?

Une dernière lecture pour finir : Wikipedia sur la carte heuristique

Et sinon, à vos cartes.