ALE 2014 - Sous le soleil de Cracovie
Voici un petit retour à chaud (sous le soleil de Cracovie en attendant le départ de mon vol, puis dans le train en rentrant sur Montpellier), concernant l’édition 2014 de ALE. Je vous le livre morceaux par morceaux, sans nécessairement de liens, plutôt des impressions, des souvenirs, des réflexions.
Enseignements
Je ne suis plus vraiment un fan du discours de Jurgen Appelo mais il reste quelqu’un d’intéressant à écouter. Comme je suis arrivé la veille à Cracovie et que Jurgen faisait une intervention pour le club agile de Cracovie, je m’y suis glissé. Je pique deux choses à son discours ce soir là (19 août 2014) :
- Une bonne utilisation des métaphores et des analogies : les développeurs comme les acteurs n’ont pas à rechercher d’autres “titres”. Il n’y a pas de “lead actor” ou “senior actor”, etc. Alors pourquoi vouloir à tout prix rechercher une évolution ou une hiérarchie pour les développeurs ? Autre analogie entre le test et le management. Le test et le management sont importants, mais cela ne veut pas dire que les managers ou les testeurs sont importants. C’est deux choses différentes, et le test comme le management peuvent être des activités partagées au sein de différentes personnes.
- Une réponse adéquate à une question que l’on entend trop souvent : est-ce que mon équipe est performante ? Comment peut-on le mesurer ? Ce à quoi Jurgen répond ce soir : comment mesures-tu toi ta performance, ce qui permet généralement de percevoir la difficulté, voir l’inutilité de la mesure de la performance en ces termes.
Début de la conférence (20 août 2014)
Stephen Parry rappelle l’importance de tout challenger, c’est à dire tout remettre en question. Je pense que c’est le plus important des messages qu’il a voulu faire passer lors de sa keynote et il me l’a confirmé dans les couloirs ensuite. On pourra aussi s’amuser à reprendre son expression “dans la plupart des organisation ce n’est pas vraiment du command & control, mais plutôt du command & hope”. Je note enfin son utilisation des concepts de emotional debt (dette émotionnelle) à comparer à la dette technique, et de authenticity gap, le (petit) mensonge entre ce que l’on sait être la vérité et ce que l’on dit être la vérité.
J’ai pu participer à une autre session du même Stephen Parry, dont j’ai gardé en mémoire le distingo entre l’amélioration et la transformation. Cela peut paraître évident ainsi rappelé, mais dans les faits cela implique un comportement et une approche diamétralement opposés.
Ma session favorite dans le programme officiel a été celle de Pawel Brodzinsdki, je ne saurais vous dire précisément pourquoi, mais la cohérence et la clarté de son message sur des thèmes que je connais bien m’ont particulièrement séduit. Au passage il me permet d’avoir les références précises d’une chose que je cite régulièrement : seule 30% des conduites du changement se concrétisent (John Kotter, 1995 & McKinsey 2008, Bain & Co 2008, Ashkenas 2013).
Et aussi cette belle citation :
People copy the most visible, obvious, and frequently least important practices – Pfeffer & Sutton
Voici les slides de Pawel.
J’ai suivi la session de Alexis sur le lien avec l’opensource. Cela m’a permis de confirmer mon utilisation de ma culture opensource dans mon coaching, ou de concrétiser certaines intuition en plaçant des mots de dessus. Par exemple, l’importance de la gestion par un tronc commun des sources, d’un développement mené par la date, avec un rythme semestriel (comme ubuntu), d’organiser des “summits” pour forcer les rencontres dans les équipes dispersées ou distribuées.
Enfin je vais évoquer une session “body awareness” avec Sabina, elle m’a permit de confirmer que si je n’avais pas de souci pour la respiration ou le contact physique, j’étais bien bloqué dans l’expression corporelle. Même si j’ai essayé de démentir cela le soir même dans la soirée dansante (I got my mind set on youuuuu, it gonna take money, a lot of money and preciouuusssss time).
Open Space, lightning talks & pecha kucha
C’était la meilleure partie du programme officiel.
De l’openspace je garderai naturellement en tête la session que j’ai pu proposer sur comment faire nos formations différemment (sujet d’actualité puisqu’avec Claude nous lançons notre premier raid agile).
Les notions de magie et de mystère de Olaf Lewitz à opposer à l’outrecuidante domination de la (pseudo)science. Il y a eu comme un débat de fond durant cette édition entre une vision qui demeure encore assez ancrée dans la science de Stephen Parry et justement cette approche beaucoup plus sur l’intangible, impalpable de Olaf Lewitz. Cela tout en renforçant l’amitié qui existe entre ces deux belles personnes.
Avec Olaf j’ai aussi pu tester le personnalities poker. Très sympa, rapide et probablement très efficace dans les rétrospectives ou à différents moments de la vie d’un groupe de personnes. Vous pouvez être sûr que cela sera utilisé lors d’un repas du soir lors du raid agile, ou chez smartview pour nos rétrospectives. Nous allons traduire le “deck” avec Alexis.
Des lightning talk je retiens que dès que l’orateur se prend trop au sérieux, la magie disparaît. Le lightning talk silencieux de Olaf (qui va générer une communication silencieuse pour la suite de la conférence à partir de pancartes bien bien plus efficace que celle avec le haut-parleur), le lighting talk bouleversant de Yves (sur sa maison brulée).
Regrets
- Le “in”, c’est à dire le programme officiel de ALE était trop dense, les pauses trop courtes, et on se dirige tout droit vers une conférence classique, sans saveur. Tout le monde s’en est rendu-compte et cela va changer.
- D’autant que les sujets des sessions étaient traité très basiquement, quand l’orateur avait préparé assez bien son intervention, ce qui n’était pas si souvent le cas…
- Pas d’écart, pas de surprise dans les discours. Je suis resté bien triste de ne pas être secoué un peu lors des sessions officielles.
Suggestions
- Entraîner et préparer les orateurs, et surtout leur faire comprendre que ALE est un public mature. Dans la plupart des sessions on aurait partir de la conclusion de l’orateur et ouvrir le champs de réflexion. On est à ALE, pour moi c’est une conférence différente, avancée.
- Alterner 1 heure de lightning talk, 2 heures de pause pour avoir ces conversations off. Plus de session classique.
- Ne pas avoir de programme
- Trouver un lieu plus authentique (qu’un très bel hotel business classique).
- Une idée d’Alexis : comme c’est une communauté c’est le moment de faire des workshops tests.
Future processing les enterre tous
- J’ai découvert lors de cette conférence le meilleur sponsor de tous les
- temps (de ma vie) : [Future
- processing](http://www.future-processing.pl/). Le plus important d’abord
- ils ont amenés leurs masseuses (oui oui les masseuses qui bossent chez eux à plein temps pour les équipes, si si) et nous en avons tous profités au moins deux fois. Et pas des petits massages à la vite, des vrais moments de détente. TOP. Mais Future processing nous a aussi offert un super fête : location du bar, de la nourriture, et des vouchers pour des boissons, le tout agrémenté par quatre heures de bowling pour qui le souhaitait. Juste TOP. Enfin, alors que je vous parle je vais recharger mon téléphone avec la batterie qu’ils ont offert à chaque participant. Je n’ai pas hésité à discuter avec eux de leurs prestations (développement, expertise, offshore en mode agile = c’est à dire engagement de moyen !), et j’espère travailler avec eux très prochainement.
Le off
Pour les gens qui s’interrogent sur ALE, le vrai intérêt c’est le OFF. Tout ce qui se passe autour du programme officiel (peut-être mis à part l’openspace qui permet aussi cette ouverture) : conversations de café, de restaurant, en pub, lors des massages, dans les couloirs, en attendant les autres, dans le coin des sessions, lors du “repas avec un étranger” (on organise un repas avec 10 personnes que l’on n’est sensé ne pas connaitre, ce qui se révèle vrai à 50%), partout, tout le temps. C’est hyper-super-mega puissant : que des gens intéressants de tous les pays d’europe (26 pays représentés) qui ouvrent tous les canaux de communication.
Au passage le mojo de ALE est “anarchie avec du sens” (je ne sais pas comment mieux traduire anarchy with a purpose).
Conversation Off
Des idées du off qui vont me trotter dans la tête je vous dirais :
- L’importance renforcée de l’accompagnement “tête à tête” (face to face) soulignée par un copain qui sait de quoi il parle, et semble secoué par ce changement.
- L’importance de l’éphémère : je parlerais de pratiques éphémères. Nous vivons un monde où la répétition est vouée à l’échec ou à la médiocrité. C’est pourtant une chose que l’on demande beaucoup : pouvez-vous refaire ce que vous avez fait par là ?
- Une confirmation de l’importance de l’éthéré non mesurable.
- Des techniques de coaching liées à l’organisation mais en tête à tête. Je vais donc recommencer à utiliser plus facilement le mot de coach…
Le “français”
Nous étions pas mal de français par rapport à habituellement : sept, mais pas tant que cela. J’ai pas mal passé de temps avec des étrangers donc, et j’ai pu confirmer certaines images concernant les français :
- moi qui ai un accent anglais déplorable sachez …. qu’ils en raffolent. Donc pas de souci, ils nous envient tous notre accent pourri. Il semble que même dans la bouche de Jacques Delors il était sexy.
- On mange de tout : j’avais commandé un plat typique polonais, des foies de volailles, la serveuse s’inquiétant de savoir si je savais vraiment ce que je commandais, toute la tablée lui a répondu : c’est bon c’est un français ils mangent de tout.
- Isabel (Monville) et moi n’avons pas hésité à être les seuls à prendre du vin le midi. On m’a donc chambré : “cliché” tous les jours suivant, spécialement Sebastien, qui lui allemand, n’a pas semblé “cliché” de m’annoncer avec 4 pintes dans l’estomac qu’il brassait sa propre bière chez lui. :)
Album photos
Vous trouverez ici :
Kudos
- Olaf & Mike (Leber) pour l’amitié et le plaisir de se retrouver presque tous les ans ainsi.
- Alberto pour toutes conversations et rencontres inattendues au fil des 4 jours.
- Pour Pawel donc, pour la meilleure session dans le programme officiel et les zapiekanki polonais.
- Natalie pour la danse !
- Les “frenchies” pour leur présence : Olivier, Perrick, Guillaume, Alexis, Judi, Isabel
- Stephen Parry pour la puissance de la fragilité et la guitare de Budgie.
- Future processing pour être le meilleur sponsor de tous les temps car il nous a proposé les massages, les bières, la fête, la batterie, pfff Il me faut absolument travailler avec eux.
- Et naturellement à toute l’équipe organisatrice, impeccable, merci beaucoup.
- Enfin, pour les polonaises et polonais qui ont toujours le sourire.