Grandir ou massifier ?

Hier j’ai pu croiser Thomas qui tient un troquet digital, le café craft. Pauline a pu y présenter très récemment notre offre Wake Up RH : dans cet épisode / podcast. Thomas voulait parler “agilité à l’échelle”, comme beaucoup aujourd’hui. L’épisode sortira très bientôt, j’avais préparé ce petit texte pour entamer notre conversation avec Thomas. L’épisode le complètera. Pourquoi parle-t-on d’agilité à l’échelle ? Au delà d’approche pour les équipes (comme Scrum) on s’interroge sur l’intégralité de l’organisation. Soit sur un plan organisationnel (entreprise libérée, holacratie, etc.). Soit sur un plan opérationnel : c’est ce que les gens mettent sous le nom agilité à l’échelle : agilité à toute l’organisation. Mouvement renforcé par l’impression que quand cela passe à l’échelle cela devient “sérieux”, plus “acceptable”, que ces équipes agiles, parfois isolées. Un peu comme l’idée saugrenue qui persistent que le Lean est plus “sérieux” car il est “industriel”. Et donc l’idée sous-jacente que “ouf on va reprendre la main”. L’agilité, ou plutôt évoluer dans un monde complexe, plonge le management dans la perplexité. Il ne peut plus édicter clairement ce qu’il attend comme livrable car le monde est devenu incertain. Il doit décrire sa vision, et maintenir un cadre qui permette à chacun d’exprimer son potentiel pour y parvenir. Cela n’a rien à voir. Dans ce monde systémique, holistique, il ne peut plus jouer avec son fichier excel en ajoutant tant de jours homme ici, et en enlevant tant là, cela n’a plus de sens. Cela ne fonctionne plus. Les personnes ne sont pas interchangeables, les dynamiques sont uniques, les additions et les soustractions ne fonctionnent pas logiquement : on ajoute 2 personnes à une équipe elle va aller … plus vite ? moins vite ? Je ne sais plus. Ainsi en passant à l’échelle certains espèrent retrouver des principes de causes à effets plus clairs, plus prédictibles. On sait que c’est appliquant des contraintes que l’on obtient plus de prédictibilités. Par exemple les limites dans Kanban, par exemple les itérations dans Scrum. En renforçant ces contraintes à l’échelle de l’entreprise je soupçonne que certaines personnes espèrent tapisser un maillage qui leur rendent leur prédictibilité. Mais tapisser de contraintes étouffe l’implication et les résultats. L’agilité à l’échelle c’est comme son nom l’indique mettre à l’échelle, démultiplier, grandir, mais on ne change pas de monde. Il reste incertains. Il continue de demander une approche différente de nos approches traditionnelles. Des rôles différents. Pour résumer :

Hôte d'écosystème - Host Leadership

Fin novembre j’étais à Agile Grenoble. J’intervenais pour une keynote, une session d’ouverture. J’ai tellement de choses qui me bousculent dans ma vie que j’étais vidé, dans le bon sens, bien, car attaché à rien, avec l’envie de faire bien mais sans pression. Cette légèreté qui ne vous fait pas voler à tout va, mais plutôt qui vous suspend au même endroit comme en lévitation, un peu ailleurs, un peu là, mais vous rend insensible aux mouvements qui vous entourent. J’ai fait ma session, et puis, comme je flottais, je suis resté sur place. Je croisais Laurent Sarrazin qui présentait le Host Leadership. Je n’avais pas prêté attention à ce mouvement même si le titre évocateur semblait couler de source et aller dans le bon sens. J’ai eu la bonne surprise d’une confirmation de cette première impression ainsi qu’un petit moment “ahah” (de révélation) par la justesse des termes proposés pour habiller cette présence que l’on appelle “hôte d’écosystème” (host leadership). Rien de nouveau dans ce nouveau concept mais c’est comme si les pièces se mettaient en place soudainement et que cela faisait “clic”, comme si cela déverrouillait un mécanisme.

Good work = best skills + what we love doing + what we believe in

On me demande de faciliter et d’organiser ce contexte ? Mais quel est ce contexte ? Et qui me le demande exactement ? Pour quelles raisons ? Quel est l’objectif ? La raison ? Porte-t-il un sens ? Est-il partagé ? Est-ce que je suis en train de répondre convenablement aux attentes ? Est-ce que je suis aligné avec ces attentes, cette raison, ce sens ? Est-ce que j’ai besoin d’être aligné ? Est-ce que mes actes de hier ont servis ce sens ? Pourquoi ces personnes ont-elles agi ainsi ? Pourquoi cette personne a-t-elle dit cela ? Est-ce que ma posture était la bonne ? Qu’aurais-je du faire différemment ? Qu’est ce que je regrette et qui pourtant a été bénéfique ? Qu’est ce qui a été surprenant ? Qu’est ce que cela risque de provoquer ? Comment cela a-t-il perçu ? Que devrais-je lire ? Qui devrais-je écouter ? Y-a-t-il un lien entre ce discours et mon contexte ? Est-ce que mon analyse n’est pas biaisée ? Qu’est ce que je devrais essayer de différent ?

Agile à l'échelle, équipes et management

Par définition l’auto-organisation est auto-organisée. Ce n’est pas donc elle que nous devons organiser, mais le contexte dans lequelle elle pourra apparaître, émerger. L’agile à l’échelle, ou plus globalement les organisations à l’échelle sont le fruit de l’agrégation de l’ensemble de leurs départements (ou villages ?), qui sont l’agrégat de leurs équipes, et les équipes sont idéalement auto-organisées (et sont l’agrégat des individus). L’organisation à l’échelle est idéalement la somme des groupes qui proposent de la valeur pour elle. J’organise à l’échelle la création de valeur. Pour que cette valeur ait de la valeur je dois pouvoir en bénéficier : c’est à dire elle doit être indépendante ; c’est à dire avoir une valeur intrinsèque, pas d’adhérences nécessaires à avoir avec d’autres parties, même si la somme des parties peut générer encore plus de valeur. Plus elles sont modulaires, indépendantes, plus elles travaillent sur un petit périmètre plus la création de cette valeur sera facilitée, et accélérée.

Agile à l'échelle, libération de l'auto-organisation

Casablanca, décembre 2017. J’interroge le groupe de personnes qui se trouvent face à moi. Un groupe de personnes dédiées aux processus et à la qualité. Un groupe bienveillant et ouvert. “Combien d’habitants à Casablanca ?”, “Entre 5 et 6 millions”. “Combien de repas par jour par habitants ? Est-ce que je peux estimer à trois par personne ?”, “Oui”. “Bon donc disons 15 millions de repas par jour, et disons une semaine ou deux semaines de stock de repas. Et ils sont tous délivrés, ou plutôt mangés, sans trop de souci, tous les jours, depuis longtemps”, “Oui”. “Proposez moi un schéma, une liste des processus, une série de gestes, d’actions, une organisation qui permettent de mettre cela en œuvre s’il vous plaît.”

laconf.schoolofpo.com

En novembre 2016 nous lancions avec Dragos la school of po. Un an après nous sommes ravis de son succès, et de toutes les conversations enclenchées autour de la communauté de PO. Nous avons voulu aller au delà et fort de notre expérience de conférenciers ou d’organisateurs de conférence (ALE 2016, LKFR), avons décidé, avec les chocottes, de proposer “la conf de school of po” : laconf.schoolofpo.com. Matinée : Inspiration La matinée nous avons désiré faire une seule piste (pas de session en parallèle) pour avoir une meilleure mémoire collective, que nous vivions tous la même expérience, avec chacun notre perspective, avoir une base commune pour nos conversations, nos souvenirs. Nous avons aussi souhaité que cette matinée soit une matinée d’inspiration : nous puisons dans des domaines parallèles pour inspirer nos responsables produits, nos product managers, nos product owners.

Petite série sur Holacratie et Sociocratie

C’est avec plaisir que j’avais entrepris avec Géraldine et à la demande de Stéphane de infoQ une petite série sur l’Holacratie et la Sociocratie. Un minibook devrait voir le jour d’ici peu qui recueille ces articles ainsi que d’autres. L’idée était faire connaître notre vécu de l’Holacratie et de la Sociocratie, de donner un panorama de ce qui nous parait important à savoir pour se jeter dedans. Ces articles datent de avril à octobre 2017. J’essaye de vous les commenter un peu pour donner un sens plus globale à la lecture. Vous pouvez parler d’Holacratie comme de Sociocratie, il y a de petites variations, mais la plus importante c’est l’aspect marque déposé, payant de l’Holacratie versus l’aspect opensource de la Sociocratie. Pour le premier vous pourriez lire le livre de son créateur (le terme “créateur” me parait vraiment exagéré, il a assemblé et déposé, avec intelligence) : Brian Robertson, Holacracy. Pour le second je vous recommande le site sociocracy30.org.