Je profite de mon passage à Epidaure pour évoquer les saynètes. C’est la troisième partie de ce petit tryptique sur l’incarnation de nos problématiques organisationnelles, après Les constellations systémiques et Les mots protocoles. Dans ma pratique des Open Agile Adoption, sorte de forum ouvert orientation transformation, j’ai rapidement instauré (avec le regard amusé de Daniel Mezick, le papa de la pratique) des restitutions à chaque session. Deux problèmes sont apparus. D’une part les sujets des sessions n’étaient pas forcément bien orientés. Les gens annonçaient souvent des réponses comme sujet de brainstorming, une question ouverte est souvent bien plus conseillée. Deuxième problème plus important encore : les résultats des brainstorming ne se prêtaient pas aisément aux déclenchements d’actions, à des propositions d’options activables. Trop d’invocations, d’imprécations, de constats sans formulation d’objectifs concrets. La restitution est importante, c’est aussi elle que l’on consolide rapidement et fournie rapidement aux participants pour rendre palpable le résultat de la journée.
... ➦ALE (Agile Lean Europe) a deux slogans, le premier c’est we share because we care, bon ok, mais le second c’est failure is an option. Celui là je l’aime particulièrement. Il a surgi au milieu d’un repas, rien de bien original, la preuve le domaine est déjà déposé depuis longtemps, mais il a tout de suite collé à notre entreprise. Nous n’en sommes qu’à la préparation mais j’ai déjà reçu ma dose d’émotions : de vrais plaisirs, de grosses déceptions, des pleurs, des rires, des hamburgers végétariens avec des haricots verts.
... ➦J’observe depuis quelques mois, un peu partout où je me tourne des développeurs, des bâtisseurs, des gens du code, qui se tournent vers la facilitation, qui souhaitent devenir scrummaster. Cela m’interpelle. Est-ce une façon de fuir leur propre métier ? Est-ce une réelle vocation ?
J’imagine que pour certains c’est une façon de jouer à l’art de la fuite. Ne se sentant pas à l’aise, pas bien dans leur rôle de codeur, de développeur, ils lorgnent vers le poste de scrummaster, de facilitateur. Si on regarde bien autour des codeurs c’est une des voies alternatives qui s’offrent à eux. Comme avant certains devenaient chefs de projet, la voie la plus aisée, du moins la plus proche, qui leur permet de changer complètement de métier c’est aussi aujourd’hui celle de scrummaster, de facilitateur.
... ➦J’évoquais précédemment l’équivoque des mots (attention et constellations), ils sont beaucoup plus insaisissables qu’on ne l’imagine. Plutôt que d’en déduire le sens dans une conversation, nous partons de sensations pour en constituer un mot. Je commence à préconiser à certains clients l’utilisation de ces mots protocole.
Parfois dans ma vie privée j’ai besoin d’un espace de protection sans avoir à me lancer dans une grande explication. Quand la situation devient compliquée pour l’un ou pour l’autre, plutôt que de maladroitement essayer de la rétablir on se laisse de l’espace. Ou encore, l’autre n’a pas compris que vous touchiez un point sensible, ou qu’il avait été involontairement maladroit. Ici aussi besoin d’espace, de temps. Dans tous ces cas dans ma vie privée j’ai institué ce que j’appelle des “mots protocole”. Un protocole comme en diplomatie, l’établissement d’une convention. Une sorte de méta-communication qui envoie un signal simple mais clair : par exemple, Porcelaine équivaut à “grande fragilité, genre de catatonie qu’il vaut mieux éviter d’avoir simultanément.”, Ballerine équivaut à “se prendre une ballerine dans la tronche, ne pas se sentir à la hauteur”, ou encore Piano équivaut à “harmonie rompue, accords dissonants. Y aller piano : y aller mollo”.
... ➦Et si vous arrêtiez d’écouter pour être attentif ? Attentif à ce qui se passe autour. La prédominance de l’écoute dans le discours des coachs, consultants, gurus et autres est exagérée. En réalité cela pourrait autant m’amuser que m’user. Est-ce qu’il s’agirait parfois plus d’une posture que d’une réalité ? Note à soi-même : nonobstant c’est assez reposant comme posture. L’observation de réalité par des chercheurs indique que finalement très peu de choses passent par les mots, par l’écoute des mots, par le sens des mots ?
... ➦Dernier épisode de cette petite histoire de scrum, variation sur un thème bien connu.
Notre itération avance. Nous arrivons le vendredi de la deuxième semaine. L’après-midi c’est la revue que l’on appelle aussi la démo, mais on ne fait pas une démo, on fait la revue du travail réalisé, c’est différent, donc je préfère revue. Non pardon : pas du travail réalisé, du travail fini. Fini : testé, validé, qui respecte la définition de fini et qui a été validé par le product owner.
... ➦Voici la suite de cette petite histoire de Scrum, qui je le rappelle est sans ambition : une façon de raconter Scrum, une variation sur un thème.
Nous avons démarré l’itération lors de notre précédente histoire (Il était une fois Scrum #1). Bref nous sommes dans la gadoue, au milieu du maul (car c’est bien d’un maul dont voulaient parler les japonais qui observaient un match de rugby et faisaient une métaphore avec leur dynamique d’équipe, et pas d’une mếlée (scrum)).
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