Je me fous d'être agile

Fut un temps ce blog s’appelait are you agile. Mais aujourd’hui avec l’effet de mode (pour les organisations) et d’aubaine (pour les charlatans), ça ne veut plus rien dire. Quitte à atteindre le point Godwin immédiatement et disqualifier mes propos : à l’image de la moustache Hitler, qui emporte tout le sens, plus personne ne s’autorise à porter la moustache de Chaplin. Les mimes, les charlatans, les frameworks et les outils frelatés nous interdisent d’utiliser le mot “agile”.

Le dictateur, Charlie Chaplin

On ne plus dire agile ?

Grand bien nous fasse en fait. Cela devient même très important d’avoir cela en tête. Et surtout ce n’est pas à ceux avec qui vous travaillez, ceux que vous accompagnez, de ne plus parler agile, c’est à vous, accompagnant.

C’est très important : les gens qui refusent l’agilité, les fameuses transformations agiles, sont légitimes à refuser. L’agilité, les transformations, ce n’est pas leur sujet. Ils ont le droit de vous les renvoyer à la figure.

Ils sont parfois dans l’organisation depuis des années, et ils en ont vu passer des transformations. Et puis vient la votre, vous débarquez, vous et vos certitudes, vos méthodes, vos outils. Ils s’en foutent probablement de l’agilité, pire il la voit – et souvent à juste titre – comme un danger. Donc il me parait tout à fait normal qu’ils vous envoient balader. Ça ne veut pas dire qu’ils ont raison, ça veut dire que c’est normal.

Mais si vous dites “je me fous de l’agilité”, vous, le coach agile, le truc agile, il y a un début prometteur, une approche un peu systémique, une injonction paradoxale.

Mais alors pourquoi êtes-vous là ?

Vous êtes probablement là pour résoudre des difficultés, pour aborder un challenge, pour limiter un risque. Quelque chose de concret, ancré dans la réalité de l’organisation. Une finalité de l’organisation.

Et si vous êtes missionnés sur ces sujets, alors là, ils ne peuvent plus légitimement refuser ce débat. Ou alors cela soulève un sujet plus profond : a) sont-ils à leur place dans cette organisation (s’ils s’en foutent de limiter un risque, de régler une difficulté de leur organisation) ? Ou b) vous devriez quitter les lieux (si vous n’êtes pas missionné sur un sujet de ce type, le point de départ est probablement foireux).

Si vous vous en foutez de l’agile on va pouvoir parler des vrais sujets, mais vous devrez savoir expliquer votre démarche sans réciter une recette de cuisine mal comprise.

On peut toujours vous reprocher de parler agilité, on ne peut jamais vous reprocher de traiter les sujets.

Naturellement c’est toujours bien d’être agile puisque c’est toujours une réponse valable à un monde bien souvent complexe