Produit maximum tolérable

Les mots fabriquent notre monde. le langage que nous employons nous fait voir le monde d’une certaine façon. Aux personnes que je manage je leur rappelle sans cesse que – un peu comme la méthode Coué – si tu parles en décrivant le monde tel que tu aimerais le voir, c’est déjà un grand pas en avant pour le rendre ainsi (je ne parle pas ici de se mentir à soi-même !).

Je m’étais déjà insurgé sur les labels qui cachent les choses.

Quelques propositions

Et aujourd’hui après avoir abordé depuis déjà une bonne année les soucis que j’avais désormais avec la proximité entre la frénésie capitalistique et ce que lui offrait l’agilité pour la nourrir, certaines formules qui m’enchantaient me repoussent.

Par exemple :

     Maximiser la valeur, minimiser l’effort.

     (Maximize value, minimize effort)

Cette expression, de Jeff Patton, (que j’apprécie beaucoup) me semble dépassée, devenue anachronique. Il y a un effet boulimique dans la maximisation de la valeur qui doit être modéré par la réalité.

J’ai envie de dire :

     Maximiser la valeur, minimiser l’empreinte (écologique)

     (Maximize value, minimize footprint)

Ce n’est plus trop l’effort qui compte autant aujourd’hui, que l’impact sur les limites planétaires.

Et aussi le drôle de :

     Backlog

Imaginez juste que votre backlog qui tire son nom du tas de rondins de bois que l’on stocke pour les brûler, et bien oui ils brûlent littéralement, chaque fonctionnalité brûle de l’énergie, chaque élément de votre backlog a un coût énergétique.

Et même si le backlog n’est plus vraiment quelque chose de très recommandé dès qu’il dépasse 30/50 éléments (mettre déjà une limite a celui-ci est une très bonne idée), donc disons pour les listes interminables que nous observons trop fréquemment nous pourrions utiliser le terme de :

     Combustible ou Énergie

     (Fuel or Energy)

Pour bien réaliser ce que nous manipulons. Je vous rappelle que vous l’appelez “rondins de bois stockés au fond de la cour” actuellement, juste l’anglais vous donne l’impression que c’est plus rock’n roll).

Et enfin pour finir l’ineffable :

     Produit Viable Minimum

     (Minimal Viable Product)

Nous pourrions imaginer la notion inverse de

     Produit maximum tolérable

     (Maximal Tolerable Product)

Le MVP est mort ! Bienvenue au MTP !

Pour réflexion et usage : le plus nous prononcerons ces mots plutôt que les mots actuels, le plus notre monde ressemblera à nos récits.