Cartographie de plan d'action(user story map) revisitée

Une autre histoire sur la User Story Mapping, la cartographie de plan d’action. Une autre histoire ? Le but ce n’est pas de trouver de nouveaux formats pour trouver de nouveaux formats, le but ce n’est pas d’inventer pour inventer, mais des fois vous vous trouvez en réunion, en atelier, en brainstorming et il y a un point à résoudre. Vous avez intégré les principes de la User Story Map. Vous avez compris la capacité de cet outil à proposer une mise en perspective visuelle efficace, sa capacité à proposer aux acteurs un champ d’action autant auditif, visuel, que kinesthésique (on touche, on manipule), la qualité de son séquencement soigneusement pensé pour établir du relief dans la pensée ainsi que dans le déroulé tactique. Et vous vous trouvez en réunion client, en atelier, en brainstorming, et rien ne vous semble plus pertinent que d’utiliser les principes de la User Story Map, de les revisiter sous un autre angle en exploitant ses qualités.

Cet article n’a d’intérêt que si vous connaissez déjà la cartographie de plan d’action, la User Story Map, il en est un complément.

Une roadmap ?

Il m’est arrivé récemment d’utiliser le formalisme de la User Story Map, de la cartographie de plan d’action, pour décrire et séquencer une roadmap, un portfolio de projets. La colonne vertébrale s’est transformée en la liste des grands axes que ce portfolio de projets devait traiter. Puis il a fallu remplir (ou pas) chacun de ces grands axes. Intéressant de voir les différentes densités de colonne (comme si il s’agissait de swim lanes d’un Kanban). On a pu mettre en évidence les points de vigilances comme c’est le cas dans une User Story Map classique.

Naturellement on a demandé à ordonner, prioriser par importance et par dépendance chaque colonne. La User Story Map permet à un groupe de travailler conjointement, en parallèle. Puis on a voulu s’imaginer que ce portfolio devait projeter l’année à venir, et au lieu d’étapes ou de graduation d’importance (Must, Should, Could, Would/Won’t) on a décider d’afficher les quatre semestres à venir. Là c’est devenu très concret. Je ne suis pas en train de vous dire que les estimations sur la capacité par trimestre étaient bonnes. Juste en train de vous dire que cela devenait concret. Il n’était pas question de brimer ce travail tactique sur des enchainements de projets par des contraintes. Et naturellement il a fallu disséminer les éléments dans les différents semestres de facto, et ne pas les laisser tous dans le premier…

Cette dissémination dans différents semestres (quarter) des éléments des colonnes a de nouveau donné un jeu visuel intéressant, et aussi mis à jour des dépendances inter-colonnes, comme c’est souvent le cas avec une User Story Map (“Impossible de faire ce projet deuxième semestre si cet autre ne commence qu’au troisième semestre dans la colonne adjacente car ils sont liés”).

Cependant cette approche pourrait amener un équilibre entre les différentes colonnes qui ne serait pas forcément réel, bienvenu, logique. En effet chaque colonne possède potentiellement des éléments dans le premier semestre. Comme si on avait une vision à plat et que chaque élément de la colonne vertébrale ai son lot de priorités importantes. Comme si par exemple chaque bloc de la colonne vertébrale était une source de demande, elles vont toutes avoir des priorités importantes, sans regard les unes vis à vis des autres. Encore une fois ce n’est pas forcément réel, bienvenu, logique. On pourrait utiliser la ligne supplémentaire (“j’ai mal mais ça marche”), comme une ligne “points clefs de la stratégie” et ne pas équilibrer entre les colonnes mais faire apparaître les points clefs de la stratégie (en provenance d’un impact mapping que nous verrons dans l’article suivant).

Sur chaque élément nous avons pris soin de faire une estimation très rapide (S, M, L, XL, XXL), de marquer les composants métiers ou techniques associés (comme sur des fiches Kanban). Cela a donné de la consistance aux conversations autour de la densité des éléments par semestre, ou sur les questions de dépendances.

  1. Mettre en évidence la liste des typologies de projets.
  2. Faire la liste des projets
  3. Rappeler les points de vigilances
  4. Ordonner les projets par importance, valeur et dépendance.
  5. Scinder les colonnes en quatre niveaux : chacun représentant un semestre.
  6. Compléter les fiches avec des informations d’estimations et marquer les composants métiers ou techniques.
  7. Dégager une ligne au dessus des semestres pour piocher dans les éléments du premier semestre qui font sens stratégiquement.

J’aurais pu là aussi envisager un sous-titre à chaque semestre qui définisse au travers d’une petite histoire d’une phrase le contenu et le sens de chaque ligne.

Exercice intéressant dont je me resservirai car j’y ai (re)trouvé, quitte à me répéter, une mise en perspective visuelle efficace, un champ d’action autant auditif, visuel, que kinesthésique, un séquencement soigneusement pensé pour établir du relief dans la pensée ainsi que dans le déroulé tactique. La contrainte physique (“on ne peut pas tout mettre dans la première ligne”) joue un rôle clef comme souvent.

Un plan d’amélioration ?

Autre usage. Autre contexte. Je découvre des équipes qui doivent me parler de leur processus, de leurs métiers, de leurs pratiques. Nous avons peu de temps (1H30, Frank est avec moi) et nous aimerions faire émerger assez rapidement une cartographie de leurs pratiques et attentes. Je me dis que je pourrais utiliser la cartographie de plan d’action, la User Story Map. Je sais qu’elle permet d’avancer rapidement, à plusieurs, qu’elle donne du sens et du relief.

Je commence par demander aux équipes en guise de colonne vertébrale les grands domaines de leurs activités, et idéalement sous la forme d’un cheminement logique : d’abord ça, puis ça, enfin ça. Cela détermine ma colonne vertébrale.

Je peux leur demander ensuite de noter toutes leurs activités par colonne. Ici pas encore question d’ordonnancer par importance. Un travail de groupe permet d’avancer rapidement et avec intelligence.

Puis je propose un découpage en ligne : pratiques/activités acquises/maitrisées, pratiques en cours d’acquisition, pratiques à acquérir, pratiques que l’on juge inutile. En cela je m’inspire directement de la proposition de l’atelier autour de Agile Fluency que nous utilisons Claude et moi au raid agile notamment. C’est aussi le moment d’ajouter la ligne “points de vigilances” au dessus de la colonne vertébrale. Nous avons eu une colonne “globale” pour les pratiques globales ou très transverses. Nous avons utilisé les regards croisés des personnes entre les différentes colonnes pour enrichir.

Comme la lecture verticale ne propose de suite logique, je demande de mettre en évidence les pratiques jugées les plus importantes en proposant de mettre des points de couleurs ou un signal visuel sur les pratiques jugées importantes et en essayant de limiter cette distinction à maximum 30%.

Dernière étape, l’objectif de ce groupe est d’aller vers/renforcer sa pratique du devops, j’ajoute une ligne “à acquérir pour devops” au dessus des autres pour mettre en évidence les pratiques et activités. C’est finalement là encore une ligne qui met en évidence la stratégie, plutôt que habituellement dans une User Story Map, une mise en évidence du MVP (produit viable minimum).

(merci Frank pour la photo très bonne pour mon égo que je m’échine pourtant à résorber, j’étais ravi de cette journée avec toi).

Donc :

  1. Décrire les grandes typologies d’activités
  2. Décliner les activités par typologie
  3. Déclinaison en : pratiques acquises, pratiques en cours d’acquisition, pratiques à acquérir, pratiques non désirées.
  4. Afficher les points de vigilance.
  5. Mettre en évidence les pratiques jugées les plus importantes.

Comique de répétition

Puis-je me répéter une dernière fois ? Mise en perspective visuelle efficace, champ d’action autant auditif, visuel, que kinesthésique, séquencement soigneusement pensé pour établir du relief dans la pensée ainsi que dans le déroulé tactique. La cartographie de plan d’action, la User Story Map n’est pas réservé exclusivement au produit émergent. Vous pouvez utiliser certaines de ses qualités dans d’autres domaines.

Les articles de la série

  1. Cartographie de plan d’action : le User Story Mapping
  2. Cartographie de plan d’action(user story map) revisitée
  3. Cartographie de stratégie, l’impact mapping
  4. Cartographie de stratégie, l’impact mapping, hors des sentiers battus