Je vois plein de gens bien

Je vois plein de gens bien dans la communauté agile, mais qui ne finissent pas forcément facilement les fins de mois[1]. C’est con. C’est des gens vraiment bien.

A qui la faute ? Personne.

Je ne peux pas reprocher à un acheteur de s’attacher à privilégier les prix de gros sans aucune considération pour la qualité, le moyen terme ou le long terme car c’est ainsi que sa mission lui a été confiée, avec probablement une prime pour accélérer le déclin de sa structure.

Je ne peux pas reprocher aux SSII de vendre en masse, d’essayer de repositionner leur business model historique sur une chose qui leur est complètement étrangère : la culture agile. A-t-on déjà vue un animal se dévorer lui-même ? Non, que le meilleur survive. Du moins c’est normal que l’ancien monde résiste autant, j’en ferai peut-être autant quand mon tour viendra.

Je ne peux pas reprocher aux gens d’acheter chez les boites qui ont pignon sur rue. On ne pourra pas leur reprocher leur choix, “regarde ils sont connus, le problème est ailleurs, mais pas chez moi”. Ni de se lancer en achetant des solutions garanties (avec engagement de résultats, forfaits, etc.), ils ont besoin de se protéger car leur structure n’est pas prête elle-même à comprendre que l’on puisse échouer, changer, être surpris. Impossible donc de reprocher à quelqu’un de prendre toutes les options qui lui permettront de ne pas s’afficher en échec, quitte à faire échouer lamentablement l’atteinte du véritable objectif, car son organisation n’y est pas prête, et bon sang il faut vivre, manger, et aimer avant toute chose. Où acheter et comment acheter c’est clairement secondaire.

Pour les mêmes raisons je ne peux pas reprocher aux gens de mal acheter, de ne pas mettre les 100 euros de plus par jour, soit disons 1000 ou 10000 de plus sur la mission et de passer à côté d’un vrai gain. C’est dur de percevoir ce bénéfice, alors que c’est si facile de faire un calcul sur une feuille excel. Protégez vous, à la fin c’est la feuille excel qui pourrait gagner. Voir les acheteurs plus haut, voir les SSII plus haut, voir l’échec interdit plus haut. C’est le drame de la matière noire dans l’univers : elle en constitue 63% mais on ne la voit, ne la traite pas.

Mais le monde moderne c’est l’absence de linéarité et la primauté de la valeur sur le coût, c’est le retour du risque et la fin des conservatismes.

Je ne peux pas reprocher aux gens de faire n’importe quoi avec Agile. Mince mais c’est l’essence même de l’émergence : on a un jeu facile, pratique, rapide à découvrir, jouons ! C’est dans tous ces échecs que va probablement naître la piste à suivre pour le futur. On ne ve pas interdire aux gens de jouer ! Où leur dire comment faire ! A-t-on vu plus contradictoire ?

Je ne peux pas reprocher aux gens de parler à tord et à travers de Agile, car ils aiment cela. Si vous faîtes ce que vous aimez, je n’ai qu’un conseil : continuez !!! Et c’est vous qui avez peut-être raison. Dire que vous avez tord c’est déjà une erreur de ma part.

Je peux me reprocher d’avoir des préjugés : on trouve des gens très bien partout. Même chez les acheteurs, même dans les SSII. On réussit des choses épatantes, même des fois en engagement de résultats, au forfait. Vraiment. La SSII a été un bon moment de ma vie, un grand apprentissage. Je ne compte pas devenir acheteur et donc je ne saurais en dire plus à leur sujet.

Ah et cette communauté agile donneuse de leçon, tiens la preuve, cet article idiot.

En même temps, c’est con je vois des gens très bien dans cette communauté agile.

N’hésitez pas à me contacter pour me faire du feedback.

Feedback reçu

On me dit :

Je réagis à ton dernier message que je comprends bien. En même temps, je fais mes armes de coach agile pour xxxxx, n’étant agile que depuis 2010 et n’accompagnant des clients en conseil que depuis 2 ans, bah, en effet, je suppose que je produis des prestations pas top. Sans doute pas trop cher et pas top. Tu as raison. En même temps qui pour me permettre de faire ce job ? En indépendant, pas encore assez de réseau, dans une boite qui ne fait que de l’agile, pas trouvé la perle rare. Peut être que les SSII sont les stars academy des coachs de demain… pour le meilleur et pour le pire. Nous avons la chance de faire un beau métier, difficile mais beau, alors soyons heureux.

Ce à quoi je lui ai répondu :

Aucun souci avec ta “condition”, qui n’est ni mieux, ni moins bien, que celles d’autres. Et comme tu le dis il faut exploiter les opportunités et les avantages de chaque contexte. Ton commentaire me fait dire que j’ai été dur avec la SSII. J’en vois plein de limites, mais je pensais avoir souligné aussi que j’y avais passé de bons moments.

Il enchaîne :

La SSII n’est pas une fin en soi. C’est un moyen pour moi de faire mon job et, parce que “grosse” SSII de pouvoir toucher facilement des clients qui sont de plus en plus dans un modèle de référencement/évaluation de prestataire. Comment survivre quand on est indépendant ? Je me demande bien. Si j’avais la réponse, sans doute que je serai indépendant mais j’aime bien l’idée de ne pas devoir faire le commercial et étrangement, dans ma grosse SSII, vis à vis de mon client j’ai une certaine liberté de parole puisque je ne suis pas commercial justement. Je leur dis par exemple que pour mettre de l’agile en place, il faut oublier le forfait pour commencer, ce qui est franchement à contre courant de ce que racontera le commercial. Bref, dans un monde complexe, les contradictions sont légions, ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre.

PS : SSII, indépendants ou autres, j’ai l’impression que quand on est “coach agile”, on défend la même chose, l’amour du client, de l’utilisateur des produits, la vision sur le monde complexe, etc. Mais je comprends que de rencontrer des indépendants qui ne s’en sortent pas alors qu’ils sont bons et de les voir se faire prendre la place par des SSII, ça peut foutre les boules. Pour ma part, et dans mon cas, la SSII m’a embauché à la demande d’un de leur client (ils n’avaient pas de coach agiles avant) et ce client voulait garder la SSII en référence. Pas sur qu’ils auraient confié le chantier à un indép. Peut être pas les mêmes marchés finalement mais à vrai dire j’en sais rien. Ca serait intéressant de savoir. […]. Peut être que le coaching agile sur les SSII (en tout cas les grosses), se concentre sur les grands comptes non ? Mais en fait, y a beaucoup de petites boites pour peuvent mettre des billes dans un coach agile ?

Bien conscient qu’il vit mieux à l’ombre d’une Ssii que en indépendant à crever la dalle en attendant d’être reconnu.

Mais aussi :

[1] Je ne parle pas de toi.