Les cowboys hippies

Y’a un truc qui m’amuse et m’agace : le retour en force du mot Lean. Lean Startup, Lean Canvas, Running Lean, Lean manager, Lean par-ci Lean par là. Mais qu’est ce qui se passe ? Le futur de agile dans le Lean ? Ah ah cette blague !!!

La sur-utilisation – même au sein de la communauté agile – du mot Lean est tout à fait compréhensible pour plusieurs raisons, mais aucune d’elles n’est bonne :

Lean ça fait plus sérieux mais c’est dépassé

Soi-disant, Les agilistes sont des cowboys hippies, les gars du Lean, c’est du sérieux, ça vient de l’industrie (ça y est on vient de se planter). Pour tous les corps de métiers qui n’actent pas du changement de paradigme de notre période complexe c’est très pratique d’invoquer le Lean, soi-disant de Toyota (Le Lean de Toyota). On commence à payer le retour de flamme de l’agilité : de trop nombreuses incompréhensions, récupérations, échecs font la promotion d’un agile complètement dévoyé. C’est exactement ce qui est arrivé au Lean des années 1990. Donc pour faire sérieux, pour ne pas dire “agile” qui fait peur au système en place (mais oui il décrète la fin du système précédent…), on parle de Lean. Ce n’est pas une bonne raison. C’est encore une fuite. D’autant plus que le Lean que l’on évoque est archaïque. On évoque le Lean du non-gaspillage : on oubli complètement celui du respect des personnes et de l’amélioration continue.

La période n’est plus au Lean, standardisation, amélioration continue sur l’élimination des gaspillages par implication et respect des personnes. La période est à l’adaptation, à la NON standardisation, à la NON linéarité, à la NON répétabilité, induites par la complexité de nos temps. Adaptation plutôt que standardisation (comme l’avait si bien glissé Romain lors d’une discussion).

Lean c’est pour les grandes structures…

Autre mythe, le Lean (et soi-disant pas l’agile) s’adapte aux grandes structures, aux organisations “à l’échelle”, c’est encore l’image non adaptée de l’industrie qui surgit. Or nous savons que : a) l’agile est tout à fait adapté pour des organisations de très grandes tailles, et que b) la solution de la mise à l’échelle ne proviendra pas d’une industrialisation (en tous cas c’est ma conviction).

Marketing

Lean Startup, MVP, etc. du bon marketing, mais n’en faisons pas plus. On va rétorquer que le mot agile c’est pareil : du bon marketing. Oui en partie, c’est un mot fourre-tout, mais au moins il ne pas fait appel à des notions qui sont dépassées, il porte des réflexions et des notions du monde actuel.

Le Lean Startup, par exemple, ne se base d’ailleurs pas du tout sur le Lean industriel mais sur son pilier “kaizen” : amélioration continue. Mais pas du tout une amélioration continue par une équipe de travail dans un cadre industriel d’une chaîne d’usine. Ce “Lean Startup” devrait en fait s’appeler “Agile Startup” car il implique surtout des notions d’adaptabilité au marché. C’est d’ailleurs le mot Startup qui rappelle que cette approche réactive, adaptative, est liée au marché.

Lean startup -> Agile Startup -> pléonasme -> Agile.

Bref “Lean Startup” c’est juste la traduction marketing de “Agile”, qui lui même est la traduction marketing de “temps complexe”.

“Lean”, les derniers sursauts d’un monde passé

Pour finir, ce qui me dérange dans cette utilisation abusive c’est surtout le retour de vieux motifs, la résistance de l’ancien système : le Lean industriel, l’idée que l’on mettra à l’échelle en homogénéisant de façon matricielle (industrielle) qui n’ont plus d’être.

Agile est à Lean, ce que Lean était au Fordisme.

J’aimerais que les agilistes qui pour des raisons marketing s’orientent vers le Lean aient…la dignité de (se) le rappeler.

Lookin’ for adventure and whatever comes our way

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Thomas