Coach retreat paris, 2012
Un petit retour sur le “coach retreat paris” 2012 organisé par Oana Juncu (@ojuncu) avec Yves Hanoulle (@yveshanoulle). Je ne vais pas revenir sur le déroulement de la journée ni des ateliers que nous avons pu réaliser car Sat l’a déjà fait, et bien : ici (même si c’est en anglais) ou Yves (et encore en anglais). Oui mais alors quoi ? Je souhaite faire un focus sur 3 points : des réflexions sur le format (c’est quoi un “code retreat” ? , pourquoi “imaginer” ?) et une interrogation (coach/consultant).
D’abord
un détail (mais le diable se cache dans les détails) “code retreat” a deux significations : tout le monde a en tête la “retraite” (“retreat”) car les mots dans les deux langues sont très proches. Retraite spirituelle d’un groupe de personnes dans un lieu isolé pour méditer ou se retrouver. Mais c’est aussi et originellement la “re-treat”, traiter à nouveau. On prend un sujet et on le traite, le re-traite, le traite à nouveau. Voilà une ambiguïté levée.
Ensuite
un point que j’ai relevé dès le début de notre journée. Nous nous sommes projetés sur des situations imaginaires, même si on les savait très proches de la réalité. N’est ce pas dommage ? Je m’interroge. Pourquoi choisit-on des situations imaginaires ?
Hypothèse 1 : pour ne pas se focaliser sur la situation de certains ? Ne pas les stigmatiser, ne pas les mettre mal à l’aise, ne pas révéler leur situation (on est entouré de concurrents même si le niveau de confiance est bon) ? Personnellement cela ne me génerait pas de parler précisément de certaines de mes situations quitte à me mettre en porte à faux : l’enseignement n’en serait que meilleur. Quant à la question de la concurrence, je peux ne pas prononcer le nom de mes clients, si les gens veulent savoir, ils savent.
Hypothèse 2 : pour ne pas s’enfermer dans une situation bien précise qui ne parlera réellement qu’à celui qui l’évoque ? Nous avons fait du dot-voting sur ces situations imaginaires, nous aurions pu le faire sur des situations connues pour être réelles. Quoiqu’il en soit je ne crois pas qu’une situation ne m’intéresse pas même si je ne l’ai jusqu’à présent jamais croisée. Je pense que l’on retrouve toujours un enseignement, un point intéressant que l’on peut mettre en parallèle avec son expérience. Enfin l’évocation d’une situation réelle portée par un “product owner” me parait bien plus tangible et puissante.
Hypothèse 3 : (qui rejoint l’hypothèse 2) les réponses évoquées, envisagées, dans une situation concrête ne seront valables que pour celle-ci. Le contexte étant fondamental. Oui. Et alors ? Ce qui m’intéresse ce n’est pas tant les réponses envisagées, que la façon d’envisager ces réponses. Quel positionnement, quel raisonnement, quel mécanisme d’analyse mettons nous en oeuvre, quelles actions proposons nous ? Voilà la raison de cette retreat/re-treat. Pour ceux qui me suivent sur Twitter je suis très influencé par Cynefin ces temps-ci. Ce qui m’intéresse c’est donc les bonnes pratiques ou les meilleurs pratiques que mes camarades ont pu faire émerger ou utiliser (et c’est d’ailleurs aussi ce que l’on nous a proposé durant la journée : “clickrewind”, “solution focussed”, “crucial confrontations”, “appreciative inquiry”, etc. sont des bonnes pratiques). Les moments où ils ont bousculés les habitudes de leurs clients pour les placer dans un environnement émergent. Pourquoi, comment, effets observés, succès, échec. Discutons-en. Sur du concret même si je sais qu’il n’est pas reproductible c’est la façon de faire (de coacher) qui m’intéresse.
J’ai profité du “Freeplay: no rules. You do as you wish” pour proposer au groupe d’avoir une approche plus concrête. Pour essayer. Je ne sais pas si cela est réellement profitable. Mais j’ai fait choux blanc.
Enfin,
pour finir, l’éternelle question sur le positionnement coach ou consultant est revenue plusieurs fois sur le tapis. Si je caricature (volontairement), sommes nous des coach qui murmurons à l’oreille de nos clients lesquels intègrent, digèrent comme ils le souhaitent, si ils le souhaitent ? Ou sommes nous des consultants qui indiquons la meilleure marche à suivre, les processus à déployer, les positionnements à prendre ? Nous sommes les deux. Dans l’absolu (=joker) oui il faut murmurer à l’oreille de ses clients : nous ne pouvons décrêter qu’ils sont convaincus, ou motivés. Nous ne sommes pas en mesure non plus de connaitre la meilleure réponse. C’est lui qui la connait et qui doit l’exprimer. (J’ai pu -dans une conférence- oser le rapprochement entre le coach et le psychanalyste). Mais comme les équipes que nous accompagnons nous avons des “deadlines”, des attentes des clients (qui nous sollicitent) et un produit opérationnel à proposer à intervalles réguliers, des processus à déployer. Ne cherchons pas à séparer ces deux facettes de notre métiers. Coach ? Consultant ? Je ne crois pas que l’on puisse avec Agile être soit l’un, soit l’autre sans y perdre quelque chose.
Merci à Oana (que j’adore) pour l’organisation de cette belle journée, merci à Yves pour sa présence.