Comment les agilistes s'organisent ?
Récemment Jurgen Appelo a déclenché une initiative prometteuse : réunir, fédérer les agilistes européens. Je trouve cette action très intéressante. Surtout dans sa forme. Jurgen essaye de laisser le réseau faire émerger sa propre organisation tout en l’accompagnant (et pas en le guidant).
Je ne sais pas si il réussira. On sent de nombreuses tensions derrière (pas de sa part !), mais comme me l’a glissé Laurent B., l’agile devient “un secteur de l’économie du logiciel” (j’aime sa formule), et donc l’agile aiguise les appétits. Chaque initiative, chaque positionnement est observé avec suspicion. (Ah j’oubliais un postulat important : je suis paranoïaque). Jurgen évoque une grosse liste -beaucoup d’agilistes d’Europe-, une petite liste -les agilistes qui se positionnent pour les actions types conférences, etc.- et une mini-liste : les personnes clefs. Oups pardon, Jurgen précise bien que plus la liste est réduite moins elle est importante (en taille comme en valeur), donc il ne s’agit pas de personnes clefs, du moins pas comme on l’entend habituellement. Il faut faire l’effort de le croire sur parole, car d’instinct on imagine l’inverse: que la mini liste dirige la petite qui dirige la grosse. Jurgen espère -et je l’espère aussi- que la mini liste encadrera la petite qui encadrera la grosse. Encadrer au lieu de diriger. Pas de prévalence.
Toute l’ambition est là, il faudrait réussir à ce que l’agile s’organise à l’image de ses propres valeurs (auto-organisation, transparence, confiance, respect, etc.).Certains donc demandent à ce que rien de ne soit organisé : pas de structure, pas de réseau, etc. Certains demandent à laisser le monde agile en complète autonomie, autogestion. Ils ont peut-être raison mais jusqu’où peut-on aller ? Cette question fait écho à ce qu’écrit Clay Shirky dans Cognitive Surplus : il faut peut-être accepter autant que possible le chaos (“As much chaos as we can stand”) pour laisser émerger un nouvel horizon. C’est le “autant que possible” qu’il faut définir.
Il faudrait que l’agile et les “agilistes” réussissent à s’organiser comme les meilleurs des média-sociaux. Pour cela, par exemple, mon action au sein d’un mouvement agile doit m’apporter un gain (plaisir, opportunité, argent, rayonnement, etc.), sinon je n’agirai pas. Et il doit dans le même temps en apporter aux autres utilisateurs et plus globalement à l’agile. Il faudrait une organisation de participants, et pas de consommateurs et de fournisseurs.
C’est le pari de Jurgen il me semble. Suivons cela avec attention.
ps : en image l’inoubliable Blackadder et son fidèle Baldrick. Merci Fred pour la découverte