Conseils aux chefs de projet
Ouah. Quelle impudence ! donner des conseils à des chefs de projets. bon allez oui, osons. Juste quelques réflexions sur la façon de traiter certains aspects de votre projet. Ces réflexions viennent autant de mon expérience en la matière, et aussi de ce que je suis (ma personnalité), elles ne vont donc pas s’adapter à tous.
Première chose à savoir faire c’est gérer les priorités. Dans la liste des actions à réaliser pour le projet vous devez savoir avec une certaine précision, ou une certaine intuition, dans quelle ordre les actions doivent s’agencer. Je ne vais pas donner d’exemple vous avez tous en tête les problématiques d’agencement et de dépendances soient techniques, soient organisationnelles, pour comprendre cela. En tant que chef de projet votre capacité à bien ordonner, a bien"prioriser" les tâches sera cruciale. Les tâches étant liées entre elles, les équipes affectées aux tâches, la somme des erreurs (qui sont inéluctables) peut s’avérer fatale à votre productivité. Il faut une certaine vision (globale) sur le projet, une certaine expérience, une compréhension des différents enjeux : un schéma mental du projet qui regroupe un peu tous ses axes (techniques, fonctionnels, planning, relation client, dispo des équipes, etc etc etc).Surtout ne pas avoir la “grille MS Project” complètement incrustée en mémoire, un projet est une chose qui évolue constamment -contrairement à votre planning/découpage initial- et donc cela ne marche pas ainsi. D’autant que les bonnes priorités sont aussi liées au rythme de votre client, à sa façon d’aborder le projet. En tous cas :
- N’hésitez pas mais basez vos choix sur une réflexion logique : je déclenche cela parce ça ça et ça (=> votre “schéma mental du projet”).
- Tout le monde peut se tromper, sachez revenir en arrière si besoin, ou stopper une tâche en cours dès que les premiers “feedback” montrent que ce n’était pas le bon choix (ou parce qu’un autre critère est venu changer la donne).
- Soyez prêt à dire oui,non à tout instant. Surtout “non” en fait, car il faut éviter de démarrer des tâches qui seront mieux appréhendées plus tard dans le projet. Gardez sous le coude des tâches “buffer/tampon”, pas complexes, incompressibles (qui devront être réalisées quoi qu’il arrive), qui n’ont pas besoin d’être réalisées par un profil particulier, et qui n’ont pas de dépendances, ceci afin de vous donner un peu le temps de la réflexion si besoin.
Ahh ça c’est dur. hein. Combien de fois vous êtes vous dit : “bon ok, si je le fais cela va prendre 30mn, si je lui donne, hum… 4h”. Donc vous le faites… J’y décèle deux grosses erreurs : d’abord fini la gestion des priorités évoquée plus haut puisque vous vous lancez dans une tâche inattendue qui devient priorité 1 (pour de très mauvaises raisons) et vous empêche de garder assez de recul et assez de temps pour continuer à bien mener le projet.
Deuxièmement, vous faites un très mauvais pari pour l’avenir. Ce choix indique que vous n’avez pas confiance en vos équipiers. Peut-être à juste titre, mais le minimum est de leur donner leur chance une ou plusieurs fois. Si effectivement vous ne pouvez pas avoir confiance en certains de vos équipiers il faut le dire et prendre une décision à ce sujet (j’y reviendrai). Mais il faut se baser sur des faits concrets et responsabiliser les gens. Affecter les tâches. Dans de nombreux cas cela va se révéler payant : des gens vont progresser, vous aurez confiance en eux, vous pourrez déléguer de plus en plus souvent, ils en seront contents (voire fiers).
Même cas de figure : je commence le tâche pour qu’elle parte sur “de bonnes bases” puis je la délègue. Même problème. Sachez juger *a posteriori :*ce jugement sera basé sur des faits ! (c’est quand même indispensable non ? )
Je rebondis sur le paragraphe précédent. On juge les gens sur des faits. Donc A) pas de jugement a priori. Le boulot se déroule mal : trop de retard, pas de qualité, etc. On le dit. On ne porte pas de jugement, on dit les choses. Nous avons du retard. Pourquoi ? discutons. sachons pourquoi. Cela n’est pas forcément lié à la personne naturellement : elle n’a pas été formée, les specs ou exigences sont pourries, un problème inattendue a surgit. etc etc. C’est vraiment lié à la personne (elle n’est pas motivée, ne fait aucun effort, a des problèmes personnels qui la rendent acariâtre, etc. ) : on lui dit. Je ne suis pas satisfait pour telle et telle raison. J’attends de toi ça ça et ça. Peux-tu faire un effort sur ces points. merci. Si les problèmes se reproduisent régulièrement et sont vouées a ne pas évoluer je vous recommande de sortir la personne du projet. Cela arrive rarement si à intervalles réguliers on dit les choses. Dire les choses est la première façon d’instaurer une certaine confiance ou a minima un certain contrat. Quoi de plus injuste que de se faire sortir d’un projet sans avoir vu venir le boulet ? Quoi de plus normal d’être prévenu lors que l’on est pas satisfait de votre travail ? Quoi de plus grisant que de s’observer progresser ? (je vous renvoie sur le même sujet à ce post)
Je vois trop de chef de projet qui ne disent pas les choses car ils ont le sentiment que leur jugement est définitif et global. Si je dis à X qu’il a mal fait cette tâche c’est comme si je lui disais qu’il est mauvais. Rien de plus faux ! Répétez le autant qu’il le faudra à vos collaborateurs, mais soyez convaincu vous même : oui il y a des bons, oui il y a des mauvais, mais chacun peut changer de catégorie selon les projets, avec le temps (dans les deux sens), selon les interlocuteurs, selon le contexte etc. Ce n’est pas à vous d’avoir un jugement : c’est à vous de leur laissez l’occasion de faire leur preuve. Je reviens au point précédent : ne pas dire les choses quand elles se produisent mais plus tard, trop tard, ne fait qu’accentuer ce sentiment et ce trouble que le jugement est global. Si vous dites les choses ponctuellement en liaison directe avec un évènement présent cela évite beaucoup de quiproquo.